Fabrice Jordan

Les Talismans taoïstes

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Fu 륜 : Approfondissement de la notion de Gui 뱁 « Fantôme »

Un de mes amis Facebook m’a écrit après le premier article en me disant : « fais gaffe, quand tu évoques la notion de fantômes, tu dois bien préciser ce que tu entends par là ».

Partons donc de cette remarque pour ce deuxième article. En fait, cette notion de « fantôme » va nous amener à la notion d’âme (les 3 Hun et les 7 Po) qui s’écrit en chinois avec le radical du fantôme. Par ailleurs, c’est un passage obligé pour parler de la réalité à laquelle s’adressent les Fu. Nous allons donc d’abord nous pencher sur le caractère signifiant « fantôme » en chinois, puis, dans le prochain article, voir comment il est associé à une idéographie complémentaire pour faire naître la notion d’âme.

Gui, fantôme, s’écrit comme suit : 뱁. Si on décompose ce caractère, on trouve Jia 솖 (le premier tronc céleste), Ya, une variante archaïque de Yi 菉 qui décrivait à l’origine une poitrine humaine et dont le sens signifie aujourd’hui : caché, mystérieux, secret, contenu et Si 焙: privé, secret. Le caractère même évoque donc déjà quelque chose de subtil, non visible à l’œil nu, secret, privé et contenu, éventuellement dans la poitrine mais pas seulement.

Comme on le voit, ce caractère de « fantôme » décrit une réalité qui va bien au-delà de la notion classique inscrite dans notre imaginaire. Sa signification englobe tout ce que notre cœur peut contenir d’intime et de secret et par extension ce que la psychologie contemporaine qualifierait d’inconscient personnel ou collectif. Evidemment, les traces du passé en font partie tout comme la manière dont elles nous impactent aujourd’hui. Mais « fantôme » va au-delà de cette interprétation en acceptant comme réel et agissant une réalité non visible externe au pratiquant qui dépasse la notion d’inconscient collectif.

Nous sommes donc habités par des « fantômes » qui peuvent être de puissants moteurs positifs ou au contraire de sérieux freins. Quand ceux-ci sont de bons moteurs, on ne se questionne pas tellement. Cependant, quand ils nous impactent sous la forme de freins, ceux-ci nous mobilisent beaucoup et entraînent de sérieuses questions. 

Ils peuvent se manifester sous de multiples formes: compulsion de répétition, de spirales d’échecs, d’obstacles divers et sans raisons apparentes, d’incapacités diverses à nous épanouir dans certains domaines, de maladies de toute sortes, etc…Cela peut entraîner ce qui peut apparaître comme de la malchance, parfois dans des domaines spécifiques comme une infertilité incompréhensible chez quelqu’un dont tous les examens médicaux sont normaux ou une incapacité à trouver un partenaire alors que l’on est par ailleurs raisonnablement attractifs. Des emmerdes multiples, donc, que ce soit au niveau physique, psychique ou apparemment « extérieur ».

En fait, la notion de Gui, ou fantôme, est un «pattern». Tout ce qui a été traité et épuisé dans une certaine dimension, qui disparaît de celle-ci et qui apparaît dans une autre peut être qualifié de « fantôme ».

Par exemple : mangeons une carotte. La carotte réelle est digérée, puis transformée en énergie qui va entrer dans le cycle de Krebs pour fournir de l’énergie cellulaire. La carotte « disparaît » du système digestif pour apparaître, sous une forme plus subtile, dans un autre système. On peut dire que l’énergie du cycle de Krebs est le « fantôme » de la carotte. Vu de l’intérieur du système digestif, la carotte a disparu. Elle reste pourtant existante et même active sur un autre plan. 

Voilà comment on peut appréhender au mieux je crois la notion de fantôme. Si on comprend vers quel pattern le mot pointe, alors on a accès à tous les fantômes possibles et on comprend par la même occasion que le fantôme n’est en soi ni positif, ni négatif. Il est, tout simplement. C’est l’interaction qu’il va avoir avec un autre système qui déterminera l’aspect « positif » ou « négatif » de son impact.

Comme on le voit, ce pattern n’a rien de mystérieux et est simplement une voie naturelle de transformation et d’utilisation de l’énergie, qui respecte par ailleurs le principe physique qui veut que l’énergie ne se perd pas.

Il y a cependant un problème de taille : l’énergie ne se perd pas, mais la transformation ne peut aller que dans un seul sens. Une fois que la transformation a eu lieu (la carotte qui s’est transformée en énergie du cycle de Krebs) on ne peut pas revenir en arrière. On ne revient pas vers la carotte. Si on brûle une feuille de papier, celle-ci va se transformer en carbone et en chaleur. Mais recréer le document initial est impossible en parcourant le chemin inverse.

Pour rester dans notre modèle : on peut dire que la carotte est passée de la 4ème dimension à la 6ème dimension et que la transformation ne peut aller que dans ce sens. La « carotte » de la 6ème dimension existe et peut avoir un impact, par résonance, sur notre réalité, en agissant sur la 5ème dimension qui elle-même agit sur la 4ème. Comme on le voit, il y a une logique simple derrière tout ça.

Les questions qui surgissent naturellement ensuite sont les suivantes : d’une part, comme les symptômes présentés par une personne peuvent être similaires bien que les causes puissent être différentes, comment être sûr que la cause d’un problème se situe bien dans la 6ème dimension ?

Par exemple : je me situe dans une situation de répétition malheureuse, c’est la 6ème fois que je « tombe » sur un pervers narcissique (oui, je sais, exemple facile). Les deux premières fois, on peut mettre la faute sur le hasard. A partir de la 3ème, on commence à se questionner sérieusement et à la 4ème il ne serait pas inintéressant de penser qu’on y est pour quelque chose…Dans un tel cas, sommes-nous simplement dans un problème de type psychologique autodestructeur ? Ou le problème se situe-t-il plus « haut » ?

En fait, il n’y a pas de moyen simple de répondre à cette question, d’autant plus qu’il peut y avoir des over laps. Néanmoins, c’est surtout dans notre société que la question se pose. En effet, traditionnellement, quelqu’un ayant les instruments permettant d’agir dans la 6ème dimension a également la pratique nécessaire et donc les capacités pour « scanner » cette dimension et faire un diagnostic. C’est logique. Dans le taoïsme on appelle ça un diagnostique spirituel et le maître ou la personne utilisant ces instruments que sont les Fu doit être capable de réaliser un « voyage de l’âme ». Celui-ci lui permet d’avoir accès à la 6ème dimension, la sienne ou celle d’une personne demandant de l’aide. 

Notons aussi que la transmission des Fu, dont nous parlerons dans un prochain article de la série, nécessite un travail de la part de celui qui le reçoit. Ce travail permet « d’incorporer » le Fu, qui devient dès lors une sorte de fréquence que nous portons en nous.

J’ai souvent remarqué que lorsqu’un événement en face de moi répond à cette fréquence, alors on sait immédiatement que dans une telle situation on pourrait utiliser le Fu (même si dans la plupart des cas, je n’en parle pas). C’est un peu comme si on incorporait la corde d’un piano non étouffée par le marteau, qui joue, quand on la frappe, la note sol. Cette corde reste silencieuse tant qu’elle n’est pas sollicitée. Mais si quelque chose dans l’environnement se comporte comme une harmonique de ce sol, alors elle commence à vibrer et se signale immédiatement. C’est la meilleure comparaison que je trouve pour expliquer ce phénomène. Dès lors, pour le pratiquant, il n’y a plus trop de questions de ce genre et les choses redeviennent simples.
Dans notre contexte occidental, je suggère de rester simple. A priori, quand un problème de ce type existe, il faut déjà sonder et assainir la 5ème dimension : la partie psychologique, tout en se donnant une dead-line raisonnable pour faire ce travail. Pas 3 mois, mais pas 10 ans non plus. Ici le bon sens prévaut. En cas d’échec, alors, chercher plus haut. 

Evidemment, certains questionneront la nécessité d’un tel travail. En général, quand c’est le cas, l’idée derrière est la suivante : ne peut-on pas court-circuiter ces dimensions et avoir accès directement à la dernière ?

Well. Sans vouloir pointer outre mesure sur l’incroyable prétention spirituelle d’un tel positionnement, mon pragmatisme m’oblige à décrire ce que j’ai vu bien trop souvent dans de nombreux systèmes spirituels. On peut bien sûr avoir accès directement à des dimensions supérieures, étant donné que les portes de la réalité sont complexes, multiples et qu’elles ne se laisseront jamais enfermer dans un système spirituel particulier qui au fond n’est qu’une METHODE. En effet, aucune méthode quelle qu’elle soit ne peut prétendre contenir la Réalité.

Néanmoins, la nature a des règles et l’une d’elle veut que les racines précèdent la tige et que la tige précède la fleur. Il y a des réalités que l’on ne peut pas court-circuiter. Même si on peut, dans le domaine de la conscience, avoir un éclair de ce que peut être la fleur, celle-ci va avoir rapidement une sale gueule si elle n’est pas reliée à une tige saine et des racines profondes. Combien de fois n’ai-je pas vu dans des systèmes spirituels des gens se prétendre «éveillés» et se faire violemment rattraper par des problèmes existentiels basiques que n’importe quel adulte normalement constitué sait gérer ? Une méthode éprouvée sert justement à éviter ce type d’écueils et c’est pourquoi les voies dites « progressives » sont parfois finalement plus rapides que les voies prétendument « directes ».

Cette parenthèse fermée, la deuxième question qui surgit quand on suspecte un problème lié à la 6ème dimension est celle-ci : comment y accéder? Et accessoirement, comment y intervenir pour la remodeler et l’orienter dans le sens de la fluidité et du soutien à la dimension dans laquelle nous vivons? 

C’est ce que nous verrons dans le prochain article de la série, qui parlera de l’âme et des moyens d’accès et d’action dans la 6ème dimension.

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