Fabrice Jordan

Le Dao amoureux

Quelques perles sémantiques pêchées pour la présentation du Dao amoureux au congrès suisse de sexologie et médecine sexuelle: 

Les 8 Vallées 

les noms des paliers de profondeur du vagin :

  • La Corde du Luth, profonde de 1 pouce (2,5 cm)
  • Les Dents de la Châtaigne d’eau, 2 pouces
  • Le Ruisselet, trois pouces
  • La Perle Noire, 4 pouces
  • Le Propre de la Vallée, 5 pouces
  • La Chambre profonde, 6 pouces
  • La Porte Intérieure, 7 pouces
  • Le Pôle Nord, 8 pouces

Les 9 manières d’agiter la Tige de Jade  

  1. Frapper à gauche et à droite comme un guerrier courageux qui tenterait de disperser les rangs de ses ennemis
  2. Mouvoir de haut en bas (la tige de jade) comme un cheval sauvage fit le saut de mouton pour passer une rivière
  3. Se retirer et s’enfoncer comme une bande de mouettes jouant sur les vagues.
  4. Alterner rapidement pénétrations profondes et pénétrations superficielles comme un moineau becquetant les grains de riz
  5. Enchaîner d’une façon régulière coups profonds et coups peu profonds comme de grosses pierres s’enfonçant dans la mer
  6. Entrer avec lenteur comme un serpent se glisse dans son trou pour hiverner
  7. Donner de petits coups rapides à la manière d’un rat effrayé qui se précipite dans son trou
  8. S’élever lentement, puis foncer comme l’aigle attrapant une proie fuyante
  9. S’élever puis piquer du nez comme un grand voilier bravant le coup de vent

Sou Nü, la conseillère de Huang Di (L’Empereur Jaune) ajoute:

« Profonde et superficielles, lentes et rapides, directes et obliques, toutes ces poussées ne sont nullement uniformes, et chacune possède ses propres effets et caractéristiques. Une poussée lente doit ressembler au mouvement d’une carpe jouant avec l’hameçon; une poussée rapide, au vol des oiseaux contre le vent. Introduisant et retirant, remuant de bas en haut, de gauche à droite, marquant des pauses ou bien en une succession rapide, tous ces mouvements doivent se correspondre. Il faut appliquer chacun d’eux au moment voulu et ne pas s’en tenir toujours à un seul et même style parce qu’on y trouve son bon plaisir ».


Remarques personnelles:

On se rend compte à la lecture de ces vieux traités que les taoïstes se sont intéressés à la chose de très près et en ont fait un enseignement, en tout cas pour celui accessible et exotérique, qui est complexe et très contrasté.

Les noms alternent language quasiment guerrier avec propositions légères et poétiques, langage technique pragmatique avec langage alchimique et symbolique. Les propos les plus «masculins» et guerriers sont souvent tenus par des femmes et les questions sensibles et l’écoute sont mises dans la bouche de l’Empereur Jaune lui-même, qui à priori devait plutôt avoir l’habitude d’ordonner sans se soucier immodérément de l’effet de ses ordres sur ses sujets…

Le contraste, enfin, entre les propos écrits et les dessins est également saisissant, avec des images qui sont parfois crues, mais montrent une ambiance poétique et rêveuse en même temps, avec des amants buvant le thé ou l’amante jouant tranquillement de la flûte (au sens propre, donc).

Au final, l’impression qui reste est une sorte de «déstabilisation» de ses certitudes et manières d’appréhender les choses dans ce domaine, bien loin de recettes de cuisine précises. A mon sens, quand ces textes sont lus et éprouvés, il opèrent déjà une subtile transformation du lecteur en l’amenant vers un vide fécond permettant l’émergence du nouveau, plutôt que vers un plein de connaissances superflues.